Une philosophe du métier de luthier
L
Ma conviction est que la réalisation d’un très bon instrument demande de s’investir et de s’immerger complètement dans chaque étape de sa création pour arriver à l’excellence.
Il faut tout d’abord partir à la recherche des meilleurs « ingrédients » qui ouvrent la voie de la haute qualité.
Le violon est un objet en bois. La nature même de ce matériau, de ses qualités acoustiques sont responsables pour une grande part du son produit par l’instrument.
Tout comme ces luthiers italiens je recherche un érable en provenance des Balkans. En effet c’est dans les terroirs et climats de la Serbie que l’Acer Platanus, un érable extrêmement nerveux et sonore, arrive à son summum de qualité.
Dans l’esprit des anciens je traite mon bois et le laisse reposer amoureusement pendant une dizaine d’années avant de le pré débiter et de le laisser à nouveau sécher pour obtenir une stabilité optimum de la pièce finie.
Au cours des 25 ans de pratique de ce métier, c’est également l’écoute et la collaboration avec les musiciens qui m’a permis de progresser et d’aller toujours plus loin dans ma quête d’un son idéal.
J’aime donc pouvoir accompagner l’instrumentiste et son instrument – qui est toujours en devenir.
A ceux qui me demandent s’il est difficile de laisser partir une pièce sur laquelle on a travaillé pendant des centaines d’heures, je réponds qu’il n’en est rien : un instrument n’est pas fini tant qu’il n’a pas trouvé son maître.
Ce rapport privilégie avec le musicien à travers le medium de l’instrument est une délivrance et il donne sens à ces longues heures bien solitaires passées dans un atelier.
J’aime profondément mon métier et je suis bien conscient de ma chance de pouvoir vivre ainsi. Il me tarde de faire le prochain violon, alto ou violoncelle pour aller toujours plus loin dans ma recherche de sons et d’émotions…